Attractivité, Culture, Environnement, Patrimoine, Voirie : Le parc du Léman

La transition écologique est au cœur de l'élan municipal thononais. Comment permettre à la ville de s'adapter au changement climatique, aux nouveaux impératifs de sobriété, et lui conserver sa qualité de vie ? Entre le lac et le cœur de ville, 3 hectares d'espaces naturels délaissés sont en cours de réaménagement. Constituer un espace de fraicheur en ville, un sanctuaire de prospérité pour la biodiversité et un nouveau point fort touristique… tels sont, entre autres, les enjeux du parc du Léman, en cours de création.

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vue future terrasse sous Sonnaz

Avancée du projet

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3 hectares renaturés entre cœur de ville et Léman, un nouvel atout de biodiversité et de tourisme pour Thonon.

Après plus d’un an d’études, les travaux de réhabilitation du parc situé sous les belvédères ont démarré en février 2024. La Ville, accompagnée d’une équipe pluridisciplinaire, se donne deux ans pour aménager cette nouvelle liaison paysagère entre le port de Rives et le cœur de ville.

Le champ d’intervention est vaste : plus de 3 hectares délimités de part et d’autre par les belvédères, le chemin du Tornieux, le village de Rives, l’avenue du Général-Leclerc, la sous-préfecture, l’hôtel de ville et le château de Sonnaz, avec une contrainte forte : près de 45 mètres de dénivelé. Le nouveau parc du Léman doit être livré fin 2025. Le plan d’aménagement prévoit la création d’une dizaine de jardins aux personnalités différentes et complémentaires, le réaménagement de cheminements d’est en ouest entre la ville haute et le village de Rives, et surtout… 3 hectares de renaturation et de remise en état et de valorisation des patrimoines présents !

Des espaces naturels entièrement réaménagés

Les 3 hectares réaménagés se caractérisent par des morphologie de terrains très variées. De cheminements en fortes pentes à des petits balcons, de prairies à des surplombs, ce sont autant de théâtres naturels qu’il fallait préserver et valoriser. Une dizaine d’espaces aux ambiances multiples, tantôt structurées, tantôt plus champêtres, s’offriront prochainement aux visiteurs et aux passants.

« Autant d’ambiances et d’atouts touristiques qui offriront une nouvelle expérience de visite aux promeneurs ».

Recréer un poumon de nature et de biodiversité

Les fortes pentes, l’érosion naturelle et le manque d’entretien ont beaucoup abîmé cet espace naturel. Le sol s’est appauvri, les arbres se sont affaiblis, quelques-uns déstabilisés, et des plantes arbustives de peu d’intérêt ont envahi les espaces. L’un des premiers enjeux du réaménagement de ces « talus » est de leur donner une nouvelle vitalité végétale.
Le programme intègre ainsi la plantation de 100 nouveaux arbres, ajoutés aux 300 autres en bonne santé qui sont maintenus sur site. Mais il ne s’agit pas de faire une pente boisée : le futur parc accueille aussi 64000 arbustes et vivaces supplémentaires, de basse et de moyenne tailles, qui créeront, d’année en année, de nouvelles strates végétales propices à une nouvelle prospérité de biodiversité.
Le bitume des anciens cheminements est remplacé par des revêtements de pierre, de grave forestière, de pavés enherbés, de caillebotis… autant d’aménagements qui créent une intégration douce des itinéraires et placettes créés, une réverbération moindre de la chaleur néfaste aux végétaux, et favoriseront l’approvisionnement du sol en eau de pluie pour aider l’épanouissement du parc.

Un parc, une multitude de paysages

Avec une aussi belle localisation dans la ville et au-dessus du lac, cet espace ne demande qu’à éclore. Sa conception tire parti de la topographie et des multiples éléments et cheminements qui le parsèment pour créer un parc à proprement parler, suspendu entre la ville et le lac, aux multiples ambiances. Parmi eux, six principaux espaces de détente et de promenade seront ouverts fin 2025.

Le jardin de la Glacière

L’actuelle simple pelouse des jardins aux abords de la glacière sera conservée, mais bordée de nouvelles strates végétales : arbres, arbustes et plantes tapissantes adaptées aux climats lémaniques. Des palmiers chanvriers, des saules du désert, des grévilléas, des agapanthes… apporteront à ce lieu, jusque que là pauvre d’un point de vue paysager, un foisonnement de formes, volumes et couleurs. Au total, ce sont pas moins des trois quarts des 900 m2 de la superficie actuelle de la pelouse qui seront plantés.

La terrasse sous Sonnaz, ou les jardins suspendus du château

Accroché au bord du belvédère de la ville haute, le château de Sonnaz est une sentinelle en surplomb du lac. Il héberge aujourd’hui l’office de tourisme et le musée de Thonon. En contrebas, il dispose d’une terrasse enherbée sans aménagements particuliers. Le programme prévoit de libérer sa façade du balcon en béton qui l’avait alourdie dans les années 1970 ; et d’aménager au pied de ses hauts murs une rocaille fleurie qui conduira à une nouvelle terrasse agrémentée de bancs, de gradins et d’une pergola fleurie. Sa partie basse sera soulignée de massifs d’ifs en topiaire, qui affirmeront le caractère historique du château.

La passerelle du belvédère

La terrasse du château se prolongera par une passerelle appuyée sur de hauts pilotis, permettant d’observer le Grand paysage du Léman, en apesanteur au-dessus de la canopée des végétations, 44 mètres en contrebas. Sa forme ondulante est certes dédiée à l’agrément des visiteurs, mais résulte aussi (surtout) du soin pris à préserver les arbres existants.

Le jardin des Explorateurs

Au milieu du parc du Léman, dans un périmètre bordé par deux cheminements principaux, le jardin des Explorateurs trouve son nom dans la densité végétale qui le caractérisera, et son ambiance tropicale. Aux arbres déjà présents (dont 18 sujets de collection), seront ajoutés 1234 arbustes 12191 vivaces, 12500 helxines et 50 lianes qui constitueront un sous-bois inattendu, au tempérament exotique pourtant composé essentiellement d’essences endémiques. Cet espace de 3700 m2 constituera, au cœur du parc, un important poumon de fraîcheur que chacun pourra parcourir sur chemin transversal posé sur pieux, pour entraver aussi que possible les réseaux racinaires des nombreux arbres de la canopée existante.

Les terrasses de Naples

Depuis l’avenue du Général-Leclerc, en bas des jardins actuels une simple pelouse en pente forte, flanquée de deux volées de marches, constitue l’une des entrées principales vers la montée vers la ville haute. Un point de vue bouché par la butte centrale qui semble ne mener à rien si ce n’est une terrasse engazonnée. L’aménagement du parc invitera à s’aventurer vers les étages supérieurs en y aménageant un escalier central, dans la veine des perspectives de grands jardins royaux classiques, et en installant sur la terrasse bassins et jets d’eaux. Une fois arrivés sur cet espace vivant, les visiteurs auront tout loisir d’apprécier la pleine perspective vers la ville haute, appuyée par la poursuite de l’escalier et un fil d’eau continu. C’est au centre de cet axe que, à mi-hauteur du parc, sera installée une grande Fontaine aux animaux. Cet axe central sera encadré par un double rideau végétal : une double strate végétale de vivaces et de hauts arbres : chênes verts, mûriers, magnolias, cinnamomes… 37 arbres, 739 arbustes et 3900 vivaces seront plantés sur ces terrasses de Naples.

Le jardin du Funiculaire

Le funiculaire, curiosité thononaise qui permet de relier les rives du lac et le cœur de ville, traverse à mi-hauteur de son parcours un espace arboré délaissé. Clôturé, il présente un état presque sauvage et ne permet pas de s’y aventurer. L’aménagement du parc y prévoit la création d’une succession de petites terrasses plantées de plus de 500 arbustes et quelque 2300 vivaces. Un espace enrichi de nouvelles essences végétales, et un point de vue nouveau pour contempler la vieille tour qui le domine.

Le Théâtre de verdure

En haut du parc, à la jonction avec le belvédère si fréquenté par les passants, sera créée l’une des entrées principales du parc du Léman. L’aménagement de l’un des talus principaux du site en gradins enherbés offrira à cette entrée de site un point de vue exceptionnel sur le Grand paysage du Léman et le quartier historique de Rives. La création d’une placette, en bas de ces gradins, permettra d’en faire un nouveau lieu évènementiel propice à des spectacles en plain air. Du fait de son insertion en contrebas et au contact des remparts historiques de la ville, ce théâtre de verdure s’intègre harmonieusement dans les volumes et l’espace avoisinants.

Le Monde des buis

Entre le théâtre de verdure et le jardin des comestibles, le monde de buis a d’abord pour vocation de conserver et rouvrir au public un riche ensemble de buis et d’ifs, pour nombre d’entre eux plus que centenaires. Ce Monde des buis accueillera en outre 100 arbustes supplémentaires et 3 364 vivaces qui viendront agrémenter les abords et sous-bois de cette buxeraie.

Le jardin des comestibles

Les terrasses inférieures orientales du parc accueilleront le jardin des comestibles, un jardin conservatoire qui rassemblera une sélection de variétés locales de plantes nourricières : un verger regroupant différents pommiers endémiques (Alexandre de Savoie, grises ou reinettes de Savoie..), des châtaigniers du Léman, des fers de Savoie, des arbustes comestibles … Accessible librement pour l’agrément ou la cueillette, ce jardin se complète, dans l’esprit, par une prairie existante qui sera conservée, destinée à la pâture avec un peuplement de plantes vagabondes qui se ressèment et évoluent au fil des saisons : chardons, églantiers, consoudes, bouillons blancs, sauges… et par des vignes palissées qui borderont plusieurs voies. Ces deux espaces, forts en apport de biodiversité avec une importante présence mellifère, s’inscrivent dans la droite ligne de la transition écologique de Thonon.

Mettre en scène la liaison entre le cœur de ville et les rives du lac

Pour rallier à pied le cœur de ville depuis les rives du lac – et inversement, les possibilités ne sont pas multiples : le chemin de Sous-Bassus, et les deux autres qui serpentent entre le parc du Belvédère et la station haute du funiculaire pour rejoindre la rue du Funiculaire sur le port de Rives. Trois itinéraires presque réservés aux initiés pour leurs accès peu valorisés et leur médiocre aspect. L’aménagement du parc du Léman affirme au contraire la fonction de liaison qu’il exercera, et met en scène les entrées de ces cheminements. C’est aussi tout l’enjeu des surplombs paysagers que constituent la terrasse du château de Sonnaz et le Théâtre de verdure, et à hauteurs intermédiaires les terrasses de Naples et le verger gourmand, qui offriront des perspectives ouvertes sur le grand paysage du Léman. Ces entrées dans le parc, très scénographiées, seront de nouveaux repères pour suivre les liaisons ville basse – ville haute.

Offrir de nouveaux patrimoines à Thonon

Les 3 hectares du parc recèlent de nombreux éléments patrimoniaux, remontant pour certains au XVIe siècle. Le programme d’aménagement prévoit de les restaurer, de les remettre en valeur, voire de leur redonner vie. Les remparts hauts sur lesquels sont assis le château de Sonnaz et le belvédère sont ainsi allégés de la végétation qui les a envahis : plus d’un kilomètre de pierres historiques est rendu à la vue. La fontaine historique de Rives, jusqu’alors reléguée dans un terrain sans entretien, asséchée et fendue, est en cours de restauration et sera redonnée à l’agrément des passants, sur le bord de l’avenue du Général Leclerc. Le parc intègre également dans son volet patrimonial le pavage de la rue et la restauration des arches du Funiculaire, ou encore la création de 4 nouvelles fontaines.

Un fil bleu dans le parc

Un des axes forts du programme d’aménagement du parc est de rappeler l’identité hydrologique de Thonon-les-Bains. Un chemin de l’eau qui existait sur ce site par le passé est réinstallé pour accompagner l’un des cheminements principaux du départ de l’ancienne glacière jusqu’aux débouchés du jardin des explorateurs. Plusieurs fontaines seront implantées dans le parc. Chacune aura son caractère particulier et sa référence au patrimoine naturel et historique de l’éco-parc du Chablais. Au détour des cheminement, les visiteurs découvriront une fontaine Cors des Alpes (au centre du Jardin des explorateurs), une Fontaine aux animaux (en limite basse de ce même jardin), une fontaine sèche aux jets d’eau animés et un miroir d’eau sur les terrasses de Naples. La petite fontaine historique de Rives qui était désaffectée et fortement dégradée trouvera une nouvelle vie et une nouvelle eau en accueil du restaurant de l’avenue du Général Leclerc. L’ensemble de ce circuit d’eau sera alimenté d’eau captée directement dans les écoulements souterrains disponibles sur le site.

Le parc du Léman, au cœur de la transition écologique de Thonon-les-Bains

L’aménagement du parc du Léman s’inscrit dans le programme de transition écologique de Thonon-les-Bains, à plus d’un titre.

  • Il participe à la dynamique générale de désartificialisation des sols. La “dé-bitumisation” des espaces de cheminement au profit de matériaux stabilisés, de dallages poreux et de matière organique, et l’aération des sols plantés permettra une meilleure infiltration des eaux de pluie et facilitera la renaturation et la fraîcheur du site, notamment des talus à forte pente.
  • Il accompagne la renaturation de la ville et l’enrichissement de ses trames vertes, par la plantation des quelque 70 000 sujets végétaux, et par sa palette végétale riche et variée, qui confèrera au site une meilleure résistance aux impacts climatiques prononcés et aux infestations de maladies ou parasites. Le parc s’ajoutera aux trames vertes existantes, constituera un poumon vert et un corridor de fraicheur à grande échelle à deux pas du centre-ville et du débarcadère, fortement fréquentés toute l’année.
  • Protection de la ressource eau. Le nouveau parc exigera, les cinq premières années, un arrosage prononcé pour que les nouveaux végétaux prospèrent. À terme, la perméabilité retrouvée du site, l’aménagement de terrasses et la plantation des strates végétales basses permettront de retenir en tout point l’eau de surface dans le sol plutôt que de la laisser ruisseler et éroder les couches de terre arable, assurant une bonne alimentation du sous-sol du site en eau, et une quasi autosuffisance naturelle des végétaux.
  • Appui à l’épanouissement de la biodiversité. La présence d’arbres fruitiers, de plantes mellifères et de ruches, la gestion différenciée des différents périmètres du parc avec l’aménagement de sites propices à une biodiversité faunistique confèreront au parc un haut potentiel de prospérité de la biodiversité. La mise en place d’un inventaire régulier de la biodiversité permettra par ailleurs d’en mesurer et gérer les évolutions.
  • Sensibilisation au développement durable. La multiplicité des facteurs de biodiversité fera de ce parc un domaine particulièrement propice à la sensibilisation des publics aux différentes facettes du développement durable. Les acteurs et partenaires de la gestion du parc (apiculteur, professionnels de l’entretien paysager, artistes, acteurs du patrimoine bâti…) seront autant d’experts à apporter leurs connaissances à cette démarche pédagogique.

En chiffres

  • 3 hectares renaturés en coeur de ville
  • 300 arbres préservés et valorisés
  • 96 000 nouvelles plantes dont 193 pieds de vigne, 72 nouveaux arbres,
  • 10 000 m² de prairies fleuries
  • 7 cheminements entre la ville basse et la ville haute
  • 7,9 millions d’€, dont 1,5 million dédié à l’apport des végétaux

La conception de l’aménagement du parc du Léman s’est faite sur la base des études et diagnostics de l’Office national des Forêts (2014, 2016, 2020). Le programme a été soumis aux avis de la DREAL et de l’INRAP

Ce programme bénéficie du soutien du Département de Haute-Savoie, dans le cadre de son Fonds départemental d’intervention structurante (FDIS), d’un montant de 1,970 M€

Tous crédits des perspectives projet paysagères : © Mutabilis Paysage et Urbanisme – C. Morel Perspectiviste